La guerre entre les forces de Véga et Goldorak est un lointain souvenir. Actarus et sa soeur sont repartis sur Euphor tandis qu’Alcor et Vénusia tentent de mener une vie normale. Mais, des confins de l’espace, surgit le plus puissant des golgoths : l’Hydragon. Alors que le monstre de l’ultime Division Ruine écrase les armées terriennes, les exigences des derniers représentants de Véga sidèrent la planète : sous peine d’annihilation totale, tous les habitants du Japon ont sept jours pour quitter leur pays et laisser les envahisseurs coloniser l’archipel. Face à cet ultimatum, il ne reste qu’un dernier espoir… Goldorak.
Une bande-dessinée bien française, ou comment rendre possible l’impossible
Tout est parti d’un rêve. Le genre de rêve un peu fou, que l’on croit irréalisable, impossible, mais qui nous poursuit où qu’on aille et dont on arrive pas à se départir. Ce rêve, c’était celui de cinq amis, artistes et auteurs, qui partageaient leur amour du dessin dans un atelier virtuel en ligne. Comment cinq français inconnus au Japon ont alors pu remporter la bénédiction de Gō Nagai en personne, l’illustre auteur du manga « UFO Robot Grendizer » qui donna lieu à une adaptation animée devenue légendaire, « Goldorak ». Avant même d’avoir entamé la moindre démarche, leur volonté était à ce point inébranlable que le groupe se mit en tête de constituer un dossier volumineux qu’ils feraient parvenir à Gō Nagai au Japon, dans le but de lui soumettre leur projet. Loin d’être un caprice de grands enfants, ils étaient au contraire tout ce qu’il y a de plus sérieux et quand on voit la somme du travail accompli, on ne peut qu’être admiratif devant tant de talent et d’abnégation. Parfois, il faut savoir forcer le destin.
Le dossier d’intention comportait de nombreux croquis, deux planches d’essai colorisées, l’histoire de ce nouvel album décrite avec force détails, ainsi qu’une lettre de Xavier Dorison adressée à Gō Nagai. De cette lettre transparaissait un immense respect de l’œuvre, point sur lequel il insista, en partageant ensuite sa vision de la modeste pierre qu’il souhaitait apporter à ce « temple ».
La bande-dessinée « Goldorak » comporte un making-of assez dense, où le processus de réalisation est raconté et illustré, avec citations des auteurs à l’appui. C’est très instructif de découvrir l’envers du décor, les coulisses de la création, les différentes étapes, comment jongler avec les problèmes, etc, quand cinq personnes sont à pied d’œuvre. Un bien beau cadeau intégré à l’album, passionnant à parcourir !
Une conclusion magistrale
Comme vous le constaterez par vous-même, « Goldorak » est une réussite technique et artistique totale. Que ce soit les dessins, les couleurs, le découpage, la mise en scène, tout y est sublime et c’est avec des étoiles plein les yeux que nous tournons avec précaution les pages. N’ayons pas peur des mots, pour une fois qu’ils ne sont pas galvaudés, il s’agit à ce jour de la plus belle adaptation du manga de Gō Nagai. L’univers, les personnages n’ont jamais été aussi iconiques. Outre la claque visuelle, l’écriture pourrait se révéler en deçà. Sachez qu’il n’en est rien.
Si le dessin animé de notre enfance était simpliste et manichéen, ici c’est tout le contraire qui s’impose. Dix longues années ont passé. Le prince d’Euphor apparaît fatigué, vaincu, avec des failles béantes lui déchirant le cœur et l’esprit, à travers le souvenir de toutes celles et ceux morts par sa faute y compris dans les rangs ennemis. Là où le scénario surprend est dans son acuité, son actualité et son absence totale de manichéisme. La menace n’est autre que les derniers survivants d’un peuple à l’agonie, cherchant un dernier refuge où ils pourraient vivre en paix. Bien sûr, tous ne l’entendent pas de cette oreille, et certaines blessures ne pourront jamais se refermer complètement. Mais à la fin, c’est la compréhension de l’autre, l’empathie et l’amour qui triomphent. Un message magnifique porté par une sensibilité d’une grande justesse.
Merci à Gō Nagai d’avoir illuminé notre enfance et de nous avoir fait confiance quatre décennies plus tard pour redonner vie à ses héros.
Les auteurs
Éditeur : Kana
Sortie le : 15 octobre 2021
168 pages
21 x 30 cm