Le contexte
Comme vous le savez sans doute déjà, chaque année se tient l’édition des Game Awards de Geoff Keighley, événement qui rassemble les acteurs du monde vidéoludique au cours duquel sont décernés des prix, dont celui du Jeu de l’année. Le jury se compose de la petite centaine de journalistes et youtubers qui font Metacritic (à contrario des DICE Awards où votent 30,000 professionnels, développeurs et artistes issus de studios créatifs du monde entier). Sur le plan marketing, l’événement est très fort et génère une audience dépassant désormais les 150 millions de viewers en simultané, en proposant des « World Premiere », des annonces surprise de jeux qui vont faire parler.
Beaucoup de critiques ont été formulées au fil des différentes éditions, trouvant un point culminant avec une édition 2023 particulièrement problématique (pas un mot sur les milliers de licenciements qui ont balayé l’industrie, les trente secondes de paroles accordées aux créateurs avec le fameux « Please, wrap it up » à Eiji Aonuma et surtout à Swen Vincke lorsqu’il rendait hommage à un collègue décédé). Force est de reconnaître qu’avec la nouvelle édition 2024, Geoff Keighley s’est réellement et profondément remis en question, faisant preuve d’une auto-dérision inattendue. Les interventions savoureuses de Waldorf & Statler ont amené avec humour le mea culpa de Geoff, en le cinglant notamment d’un « Please, wrap it up » dès les premières minutes du show et se moquant de lui sans retenue. Même si tout n’était pas parfait, il s’agit de loin de la meilleure édition de l’histoire des Game Awards. Bien plus digeste dans la forme, sans aucune star hollywoodienne exception faite de Harrison Ford, l’événement a aussi été un camouflet terrible infligé au D.E.I. et à tout ce qui s’y rapporte. Il s’est ainsi évertué à faire rayonner les créations, saines, qualitatives, mémorables, et les talents à l’esprit sain qui ont œuvré d’arrache-pied pour leur donner vie sans jamais se départir de l’humilité requise ni de l’amour pour les jeux et le public auquel ils se destinent. Cette édition 2024 des Game Awards fut donc une réussite, se montrant sous son plus beau jour pour fêter dignement le jeu vidéo et rendre hommage à son histoire.
Bien sûr, l’année écoulée aura été marquée par des choses graves, en rapport avec une politisation extrême venant de certains développeurs et journalistes idéologues, avec des tentatives d’intimidation, du racisme anti-blanc décomplexé et une haine non-dissimulée à l’encontre des gamers au sens large. Ceci ne fut pas sans conséquences et plusieurs productions AAA ont subi un échec commercial foudroyant, entraînant nombre de licenciements et la fermeture de studios. Ceci est sans compter la campagne de harcèlement massive orchestrée par une journaliste activiste d’IGN, Rebekah Valentine, sur la base de mensonges (tous débunkés depuis) à l’encontre du jeune studio chinois Game Science, mensonges relayés par toute la presse vidéoludique d’extrême gauche. Game Science ont en effet eu le malheur de dire non à Sweet Baby Inc. qui exigea la modique somme de sept millions de dollars pour mettre en conformité le jeu « Black Myth: Wukong » avec les politiques D.E.I. occidentales, ce qui aurait consisté en de la représentation forcée de personnages afro-américains (le jeu est une fiction se déroulant dans une Chine millénaire, adaptation du chef-d’œuvre littéraire « La Pérégrination vers l’Ouest »), ainsi qu’en l’effacement de la culture chinoise au profit de Black Lives Matter. Notez le racisme décomplexé au cœur des initiatives D.E.I. C’est ainsi que les menaces prononcées par Kim Belair en personne à la Game Developer Conference de 2019 ont été mises en application sous nos yeux ébahis.
Cela est venu s’ajouter à des cultures d’entreprise qui ont tendance à avoir une vision court-termiste, à raisonner uniquement en chiffres et à comment générer le plus de profits avec des modèles économiques toujours plus discutables. L’année écoulée a également démontré que la qualité finit toujours pas être récompensée, avec nombre de productions indépendantes et AA plus modestes portées au firmament des ventes.
Au moment de remettre le trophée du Jeu de l’année sur la scène des Game Awards, Swen Vincke, PDG de Larian Studios, créateurs de « Baldur’s Gate III », s’est lancé dans une tirade devant le parterre réunissant le gratin de l’industrie ainsi que devant plus de 150 millions de spectateurs, dans une mise au point venue remettre l’église au milieu de village. Nous vous laissons apprécier la transcription en français, et vous pourrez également retrouver en fin d’article la vidéo originale dans son intégralité.
Le discours de Swen Vincke fera date
Je me rends compte que vous êtes assis ici depuis plus de trois heures, mais j’ai encore des crédits de temps de l’année dernière à utiliser donc il s’avère que non seulement ce sera moi qui saurai en premier quel jeu gagne ce soir, mais je sais aussi quel jeu va gagner l’année prochaine, l’année d’après et celle encore après.
Comment puis-je le savoir ? Eh bien, un oracle m’a dit que le changement arrivait. C’est un oracle moderne, alors ils m’ont fait signer un NDA (*accord de non-divulgation) mais je vous fais confiance à tous, je sais que vous pouvez garder un secret. L’Oracle m’a dit que le jeu de l’année 2025 allait être fait par le studio qui a trouvé la formule pour arriver ici sur scène. C’est stupidement simple mais d’une manière ou d’une autre, ça continue à se perdre.
Le studio a créé son jeu parce qu’ils voulaient créer un jeu auquel ils voulaient jouer eux-mêmes. Ils l’ont créé parce qu’il n’avait pas encore été créé auparavant. Ils ne l’ont pas fait pour augmenter leur part de marché. Ils ne l’ont pas fait pour servir de marque. Ils n’avaient pas à atteindre des objectifs de ventes arbitraires, ou à craindre d’être licenciés s’ils n’atteignaient pas ces objectifs. De plus, les personnes en charge leur ont interdit de remplir le jeu avec quoi que ce soit dont le seul but était d’augmenter les revenus, et qui ne servait pas la conception du jeu.
Ils ne traitaient pas leurs développeurs comme des chiffres sur une feuille de calcul. Ils ne traitaient pas leurs joueurs comme des utilisateurs à exploiter. Ils ne prenaient pas de décisions à court-terme en fonction d’un bonus ou de la politique. Ils savaient que si vous mettez le jeu et l’équipe en premier, les revenus suivront.
Ils étaient motivés par l’idéalisme et voulaient que les joueurs s’amusent, et ils ont réalisé que si les développeurs ne s’amusaient pas, personne n’aurait de plaisir. Ils comprenaient la valeur du respect, que s’ils traitaient bien leurs développeurs et les joueurs, eh bien ces mêmes développeurs et joueurs leur pardonneraient quand les choses ne se sont pas passées comme prévu. Mais par-dessus tout, ils se souciaient de leur jeu parce qu’ils aiment les jeux. C’est vraiment aussi simple que ça, a dit l’Oracle.
Gagner le jeu de l’année s’est avéré être un événement qui a changé notre vie. C’était une chose incroyable. Pour ceux qui gagneront le jeu de l’année 2024, vous n’avez aucune idée de ce qui vous attend. C’est un immense honneur, et vous allez vivre une sacrée expérience. Rappelez-vous que si on vous dit « Please, wrap it up » ce soir, vous pouvez toujours revenir l’année prochaine et discuter pendant trois minutes. D’accord, maintenant rendons hommage aux nominés pour le jeu de l’année une fois de plus.
Swen Vincke, le 12 décembre 2024
The Game Awards, Peacock Theater, Los Angeles